Marthe Robin :

La Médiation de Marie

 

extraits du livre du père Manteau-Bonamy, « Marthe Robin sous la conduite de Marie » ( éditions Saint-Paul)

Suite de l’article paru dans le  précédent numéro.

 

 

Marthe, par son témoignage émanant des notes recueillies de son vivant,  en particulier au cours des années 1930 et 1931, apporte une puissante contribution à la réflexion sur la médiation de Marie.

Marthe victime immolée par l’Amour de Jésus, ne se contente pas de prendre la « Mère des douleurs » comme modèle parfait pour se livrer à son Epoux. Elle sait qu’elle participe la première à la médiation souveraine et unique de son Fils.

 

Notedu 3 février 1930 :

Marthe voit sa Mère très sainte comme une « présence » vivante et efficace pour l’amener à son Fils… Des grâces divines, Marie n’est pas le possesseur, mais la dépositaire et la distributrice : Elle obtient toutes les grâces de « Celui qui est » et « à qui tout appartient. » Elle a bien été « formée » par l’Esprit pour cette mission.

Jésus est l’unique Médiateur entre son Père et l’humanité pécheresse, donc ennemie de Dieu. Le Père a fait le pas décisif en envoyant, par son Fils, l’Esprit Saint pour la réconciliation efficace et la plus parfaite réconciliée avec le Père, Marie, imprime sa marque de Mère dans le cœur des hommes…

Le Christ est le seul médiateur mais il n’est pas un médiateur isolé. Le Christ, par son Esprit fait participer à sa Rédemption et à sa médiation universelle ceux qu’il vient sauver et qui répondent à son appel. Or, en cette participation, la première et la plus parfaite est sa propre mère, l’Immaculée, si intimement unie à lui dans le mystère pascal.

La spiritualité mariale de Marthe rejoint celle du Père Kolbe qui, dans son « acte de consécration à l’Immaculée » s’exprimait ainsi :  « O Immaculée… ta seule présence attire les grâces qui convertissent  et sanctifient les âmes, puisque la Grâce jaillit du Cœur divin de Jésus sur nous tous en passant par tes mains maternelles. » Marthe aurait-elle eu connaissance de la « mission de l’Immaculée du Père Kolbe ?

Le texte qui suit est tout le programme de sa vie avec Marie :

«  0 Cœur infiniment tendre de Jésus, faites que je sois toujours celle qui veille avec vous, qui veille pour vous et prie pour votre peuple.

 

          Ma devise est : toute à Jésus par Marie Médiatrice de toutes grâces. Ma vie est toute d’union à Notre-Seigneur par l’union à sa très sainte Mère

 

Je l’aime tant cette bonne et tendre Mère. Elle est mon étoile et ma demeure. Je vis à sa lumière et toute cachée dans l’asile imprenable de son Coeur Immaculé !

 

Ma bonne Mère, agissez en moi, parlez en moi, souffrez en moi, aimez, en moi et avec moi, Jésus ; et qu’ainsi je sois à même de dire à tout instant en union avec Vous : je suis la petite servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon son Bon Plaisir.

 

Reine toute puissante et toute bonne ! O Mère incomparable, prenez-moi tout entière sous votre si maternelle protection, gardez-moi tout entière et à tout jamais dans l’Amour de Jésus votre adorable Fils.

 

Elle prend sa mère en son intimité comme Jean au pied de la Croix

 

O Mère la plus tendre, par moi-même, vous le savez, je ne peux pas, je ne sais pas, je n’arriverai jamais à me sanctifier. Mais je suis prête à me soumettre sans réserve à la conduite de la Grâce.

 

O Mère, je vous apporte les trois puissance s de mon âme : ma mémoire, mon entendement et ma volonté !

Agissez en moi !

Soyez dans ma mémoire, pour en effacer toute autre pensée que la vôtre et celle de Jésus.

Dans mon entendement pour en bannir le passé pour vous en remettre l’avenir et ne voir que vous, Bonne Mère, veillant amoureusement, miséricordieusement sur moi, pour m’unir en toutes choses à Jésus mon Roi.

Dans ma volonté, pour en arracher avec soin tout ce qui pourrait non seulement lui déplaire mais n’être pas agréable à Notre-Seigneur dans les plus petites choses comme dans les grandes.

 

Pour comprendre nos angoisses, pour compatir à nos douleurs, il faut un cœur qui ait souffert. Pour obtenir notre pardon, il faut une âme innocente. Pour avoir à s’occuper des besoins de tous, il faut être exempt de toutes dettes, pur de toute tache. Pour consoler, pour sécher les larmes des petits enfants, il faut être Mère. Pour dispenser les grâces et les bienfaits du Ciel, il faut être Reine. Pour donner à tous, pour les aider tous, il faut avoir dans les mains la clé des trésors de Dieu. C’est ce que fait la très Sainte Vierge : Elle est pure, immaculée et sans tache, elle est Mère, elle a aimé, elle a souffert plus que tous, elle n’a aucune dette à satisfaire à la Divine Justice : elle est Reine, elle puise à son gré dans le trésor divin.

 

Tous les biens spirituels et même temporels que nous recevons passent par les mains libérales de la très Sainte Vierge. Elle n’en n’est pas le possesseur mais la dépositaire et la distributrice : elle les obtient de «  Celui qui est » et à qui tout appartient .

Plus un saint a pratiqué de vertus, plus il les a pratiquées parfaitement, plus son pouvoir est grand dans le ciel.

Or la Sainte Vierge a pratiqué toutes les vertus, elle les a pratiquées avec un degré de perfection que notre petitesse ne saurait mesurer, que notre fragilité ne saurait atteindre. Elle a connu toutes les difficultés de la vie, toutes les angoisses du lendemain, toutes les souffrances, nul après Jésus n’a autant souffert autant qu’elle.

 

Elle eût moins souffert si elle était morte avec son Fils, mais il faut qu’elle le voit agoniser, il faut qu’elle le voit mourir et qu’elle vive. Elle est Sainte et plus que sainte. Elle est Martyre et plus que martyre. Elle en est la Reine… Elle est la Mère du Tout-Puissant, elle en partage toute la Gloire, elle participe à son gouvernement divin. C’est pourquoi tous les cris, toutes les supplications, toutes les louanges qui montent de la Terre vers Dieu, passent par Marie, de Marie à Jésus et de Jésus au Père. En retour , toutes les grâces obtenues passent du Père au Fils, du Fils à sa Sainte Mère, et par elle à celuiqui prie. Ce n’est pas spécialement quelques âmes que Marie protège, elle vient au secours de tous les humains. La sainte Vierge a tout pouvoir sur le Cœur de Dieu, c’est donc toute sa famille humaine qu’elle protège, qu’elle console, qu’elle guérit qu’elle encourage, qu’elle éclaire, qu’elle soutient, qu’elle veut sauver. Mère de miséricorde, elle imite le Père de toutes les miséricordes et nous aide même sans être priée.

 

Allons donc à Marie ! Puisqu’elle est notre Mère, la nôtre à chacun. Allons à Elle, puisqu’Elle est l’universelle médiatrice entre Dieu et nous. Ah ! nous savions nous faire bien petits ! Si nous avions tourner nos regards et nos cœurs vers Celle qui nous aime tant.

 

Que de belles vertus. Que de bons conseils cette humble Vierge, cette tendre Mère, cette noble Reine nous apprendrait sur les avantages de l’humilité, les exigences de la charité, la sagesse de l’obéissance, les douceurs de l’abandon à Dieu, les joies de la confiance.

 

Si la Jeune fille savait  se blottir auprès d’elle pour abriter sa pureté, le coupable se jeter dans ses bras pour chercher un refuge et échapper aux châtiments, si le malade lui apportait ses plaies à panser, l’enfant son innocence à protéger, l’indigent sa misère  à secourir, l’affligé ses douleurs à consoler le vieillard et l’orphelin leurs cœurs à réchauffer, leurs larmes à sécher, la vie serait moins triste parce que profondément chrétienne.

 

Essayons donc de nous faire petits, tout petits auprès de Marie notre Mère  quand on souffre, quand on pleure, quand on est seul et bien triste, ce n’est pas vraiment difficile de se faire tout petit, on a tant besoin de secours, on a tant besoin de sentir une maman auprès de soi ! Et qui donc ne souffre pas ? Qui donc ne pleure pas ? Qui donc ne tremble pas quelquefois sur la terre ? Qui donc n’a pas besoin de se faire consoler, de se faire pardonner, de se faire aimer, de se faire guérir ?

 

Oh ! oui, apprenons à nous faire bien petits et à ne rien faire sans le conseil, sans le secours, sans l’inspiration  et le consentement de notre Reine chérie ! Qu’Elle soit toute notre confiance et toute notre espérance en Dieu.

 

Elle est Mère, et comme  Mère, elle est d’autant plus empressée à voler au secours de son enfant qu’il implore son aide avec plus de confiance et plus d’amour.

 

Si des grâces temporelles nous sont nécessaires, elle nous les obtiendra, à la seule condition cependant qu’elles se rattachent à la vie surnaturelle, c’est-à-dire à la Gloire de Dieu et au salut des âmes. Ne demandons pas des choses qui ne peuvent ni glorifier Dieu ni être salutaires à notre prochain, ni nous mener au ciel. 

 

 La belle mission de Marie est d’amener à Jésus tous ceux qui vont à elle.

 

Faisons-nous bien petits et bien petits dans les bras de notre Mère bien-aimée, plaçons-nous tout près d’elle, elle nous apprendra notre devoir, elle nous dira que notre devoir et tout notre devoir de chrétien est de ressembler à Jésus et qu’il n’y a toujours en tout temps, en tout lieu qu’une manière de lui ressembler : se renoncer à soi-même, prendre sa croix et le suivre.

Mais elle nous dira aussi ce qu’elle sait par expérience : c’est qu’avec  Jésus, se renoncer, prendre sa  croix et le suivre en la portant, ce n’est pas mettre des boulets à ses pieds, mais des ailes à son cœur, de la joie du bonheur, du ciel dans sa vie. C’est monter, c’est se rapprocher de Dieu pas à pas . Elle nous dira que la croix se fait de jour en jour plus légère, plus aimée quand on la porte en se sanctifiant.

 

Suivons Jésus et suivons-le avec Marie, son incomparable Mère, attachons nos regards non uniquement sur sa Divinité, mais sur son Humanité Sainte , sur son Humanité souffrante… Jésus le Modèle parfait, le Modèle complet, le Modèle de tous.

 

Regardons-le, regardons-le souvent, regardons-le longuement, regardons-le toujours non pour le copier dans ce qu’il a fait….on ne devient pas saint par copie, mais pour lui ressembler dans ce qu’il est : doux et humble de cœur, rempli d’amour, rempli de charité, de compassion et de pardon, pour tous, obéissant et obéissant jusqu’à la mort sur la Croix, pauvre dans sa naissance, dans sa vie et à sa mort, pauvre et sans égal.

 

Laissons ses gémissements, ses cris d’amour, ses cris de détresse, ses divins soupirs s’imprimer ineffablement en notre esprit. Laissons sans jamais nous plaindre le glaive de feu s’enfoncer sans fin dans notre cœur, jusque dans notre âme. Laissons sa douloureuse Passion se renouveler en nous. Laissons-nous clouer en croix avec le Christ ! Laissons Jésus et Marie nous refaire en eux et uniquement pour eux.

 

La maternité divine a revêtu la Sainte Vierge d’une grandeur qui ne peut avoir d’égal ni sur la terre, ni dans le ciel. Elle la place au-dessus de tout ce qui n’est pas Dieu. Elle lui donne, par participation, la puissance que Dieu a par nature, et on peut dire d’elle qu’il ne se passe rien au ciel et sur la   terre sans qu’elle n’intervienne.

 

La maternité divine a donné à la Sainte Vierge dans ses rapports avec nous, la tendresse bienfaisante d’une Mère, l’autorité incomparable d’une Reine. Marie, Mère de Dieu, Marie, Reine d’amour participe à la médiation du Christ et à toutes les grâces que le Christ nous a acquises, elle a mérité d’en devenir la distributrice. C’est elle qui distribue tous les dons, toutes les vertus, toutes les grâces à qui elle veut, quand elle veut, de la manière et dans la mesure qu’elle veut.

 

O Marie que vous êtes bonne !

O Marie que vous êtes grande !

O Marie que vous êtes puissante !

O Marie, que je vous aime vous qui êtes ma Mère !

Jésus et Marie ! Ne les repoussons jamais de notre cœur. Allons de l’Amour à l’amour, de la Miséricorde à la miséricorde …de la mort à la vie. »