De bouche, Ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour parler aux gens perdus d’ici bas.
Ta bouche de lait, vers mon sein tournée,
Ô mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

 

De main, Ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las,
Ta main, bouton clos, rose encore gênée,
Ô mon Fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

 

De chair, Ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour rompre avec eux le pain du repas
Ta chair au printemps de moi façonnée,
Ô mon Fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

 

De mort, Ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour sauver le monde… Ô douleur là-bas,
Ta mort d’homme, un soir, noire, abandonnée
Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée.

 

De Fils, Ô mon Dieu, je n’en avais pas
Vierge que je suis, en cet humble état,
Quelle joie en fleur de moi serait née ?
Mais vous Tout-Puissant, me l’avez-donnée.