Avant tout, repartir du Christ signifie avoir une familiarité avec lui, avoir cette familiarité avec Jésus : lors de la Cène, Jésus le recommande instamment aux disciples, quand il était en passe de vivre le plus grand don d’amour, le sacrifice de la Croix. Jésus utilise l’image de la vigne et des sarments et dit : demeurez dans mon amour, demeurez attachés moi, comme le sarment est attaché à la vigne. Si nous sommes unis à Lui, nous pouvons porter du fruit, et c’est cela la familiarité avec le Christ. Demeurer en Jésus ! C’est demeurer attachés à Lui, à l’intérieur de Lui, avec Lui, parlant avec Lui : demeurer en Jésus.
Pour un disciple, la première chose est de rester avec le Maître, l’écouter, apprendre de lui. Et cela vaut toujours, c’est un cheminement qui dure toute la vie…C’est une attitude, rester avec lui et durant toute la vie ! C’est rester en présence du Seigneur, se laisser regarder par Lui. Je vous demande ; comment êtes-vous en présence du Seigneur ? Quand tu vas près du Seigneur, que tu regardes le Tabernacle, que faites-vous ? Sans paroles…mais je dis, je dis, je pense, je médite, j’écoute …Très bien ! Mais te laisses-tu regarder par le Seigneur. Lui nous regarde et cela, c’est une manière de prier. Te laisses-tu regarder par le Seigneur ? Mais comment fait-on ? Regarder le tabernacle et laisse-toi regarder… C’est simple ! C’est un peu ennuyeux, je m’endors…Endors-toi, endors-toi ! Lui te regardera quand même, lui te regardera quand même. Mais sois certain que lui te regarde ! ….cela réchauffe le coeur, garde allumé le feu de l’amitié avec le Seigneur, te fait sentir que lui te regarde vraiment, qu’il est proche de toi et qu’il t’aime. Dans une des sorties que j’ai faites ici, à Rome, lors d’une messe, un monsieur relativement jeune s’est approché de moi et m’a dit : « Père je suis heureux de vous connaître mais moi je ne crois en rien je n’ai pas le don de la foi ! » Il comprenait que c’était un don : « je n’ai pas le don de la foi ! Qu’est-ce que vous me dites ? » Ne te décourage pas ; Lui t’aime. Laisse-toi regarder par Lui ! Rien de plus et cela je vous le dis à vous : laissez- vous regarder par le Seigneur ! Je comprends que pour vous ce n’est pas si simple particulièrement pour la personne mariée et qui a des enfants, c’est difficile de trouver un long moment de calme. Mais grâce à Dieu, il n’est pas nécessaire que tous fassent la même chose ; dans l’Eglise il y une variété de vocations et une variété de formes spirituelles ; ce qui est important c’est de trouver la façon convenable de rester avec le Seigneur et cela est possible, c’est possible dans chaque état de vie. En ce moment, chacun peut se demander comment je vis « ce fait de rester » avec Jésus c’est une question que je vous pose comment est-ce que je vis ce fait de rester avec Jésus, ce fait de demeurer en Jésus ? » Ai-je des moments durant lesquels je reste en sa présence, en silence, je me laisse regarder par lui ? Est-ce que je laisse son feu réchauffer mon coeur ? Si dans notre cœur, il n’y a pas la charité de Dieu, de son amour, de sa tendresse comment pouvons-nous, nous, pauvres pécheurs, réchauffer le coeur des autres ? Pensez à cela !
– Le deuxième élément est celui-ci : Deuxièmement : repartir du Christ signifie l’imiter dans le fait de sortir de soi et d’aller à la rencontre de l’autre. C’est une expérience belle et un peu paradoxale. Pourquoi ? Parce que celui qui met le Christ au centre de sa vie se décentre ! Plus tu t’unis à Jésus et lui devient le centre de ta vie, plus Lui te fais sortir de toi-même, te décentre et t’ouvre aux autres. C’est le vrai dynamisme de l’amour, c’est le mouvement de Dieu même ! Dieu est le centre mais il est toujours don de soi, relation, vie qui se communique…Ainsi devenons-nous, nous aussi, si nous restons unis au Christ. Lui nous fait entrer dans le dynamisme de l’amour. Là où il y a une véritable vie dans le Christ, il y a ouverture à l’autre, il y a sortie de soi pour aller à la rencontre de l’autre au nom du Christ. Et cela c’est le travail du catéchiste : sortir constamment de soi par amour pour témoigner de Jésus et parler de Jésus, prêcher Jésus. C’est important parce que le Seigneur le fait. C’est vraiment le Seigneur qui nous pousse à sortir.
Le cœur du catéchiste vit toujours avec ce mouvement de « systole- diastole » : union avec Jésus, rencontre avec l’autre. Ce sont les deux choses : je m’unis à Jésus et je sors à la rencontre des autres. S’il manque un de ces deux mouvements, le coeur ne bat plus, ne peut plus vivre… le catéchiste est conscient qu’il a reçu un don, le don de la foi et il le donne en don aux autres. C’est beau ! Et il n’en prend pas pour soi un pourcentage ! Tout ce qu’il reçoit, il le donne ! Il ne s’agit pas d’un marché ! Ce n’est pas un marché ! C’est un pur don : don reçu et don transmis. Et le catéchiste est là, à ce croisement de dons. C’est un don qui génère la mission, qui pousse toujours au-delà de soi-même. Saint Paul disait : « L’amour du Christ nous pousse » Mais on peut aussi traduire ce « nous pousse » par « nous possède ». C’est ainsi l’amour t’attire et t’envoie, te prend et te donne aux autres. Dans cette tension, le coeur du chrétien, en particulier le coeur du catéchiste, se met en mouvement. Demandons-nous tous : Est-ce ainsi que bat mon coeur de catéchiste ; union avec Jésus et rencontre avec l’autre ? Avec ce mouvement de « systole-diastole » ? S’alimente-t-il dans la relation avec Lui mais est-ce pour le porter aux autres et non pour le retenir ? Je vous dis une chose : je ne comprends pas comment un catéchiste peut rester immobile sans ce mouvement. Je ne comprends pas !

Homélie du pape François du 27 septembre 2014