Le cri de soif qui suit va nous aider à comprendre ce trésor, ce secret que Jésus donne à Jean.

Après la parole de Jésus à Marie : « Femme, voici ton fils » et à Jean : « Voici ta mère », il y a le cri de soif que seul l’Evangile de Jean nous rapporte. Ce cri de soif exprime comment le mystère de la Croix, si grand soit-il, est dépassé par un amour et une soif d’amour qui brûlent le Coeur de Jésus. Marie seule reçoit ce cri de soif, et Jean avec elle et grâce à elle. Ayant tout donné, ayant donné son corps et les secrets de son Coeur, Jésus a soif d’aimer plus, puisque le mystère de la Croix ne peut pas exprimer adéquatement l’abîme d’amour de son cœur. Même le don que Jésus réalise en donnant sa Mère ne peut pas exprimer adéquatement la profondeur d’amour qu’il y a dans le cœur de Jésus pour son Père et pour Marie, et pour Jean, et pour nous.

Ce cri de soif va en quelque sorte s’incarner dans la blessure du cœur. Il faut toujours unir l’alliance de Marie et Jean avec le cri de soif, avec le coup de lance. Là se révèle d’une manière ultime l’amour de Jésus pour le Père et son amour pour Marie et pour Jean. Si la contemplation est source de charité fraternelle, la charité fraternelle n’épuise jamais la contemplation, et donc elle demande de retourner vers la contemplation, vers un amour tout à fait pur. Jésus par amour s’offre au Père librement dans une contemplation d’amour. le Père reçoit ce don, et à partir de cette unité de Jésus avec le Père il y a ce fruit merveilleux, cette alliance de Marie et de Jean. Et cette alliance de Marie et de Jean réclame le mystère de ce lien du Fils avec le Père, ce mystère d’amour dans toute sa pureté. C’est pour cela que le coup de lance, qui est pour Marie et pour Jean – Jean atteste qu’il en est témoin d’une manière tout à fait spéciale – nous fait comprendre combien l’alliance de Jean avec Marie est le fruit de l’intensité d’amour qui unit Jésus au Père, qui unit le Fils bien-aimé et son Père ; c’est le fruit, pour Marie et pour Jean, de cette paternité et de cette filiation.

On peut comprendre ainsi cette sorte d’icône de la Très Sainte Trinité qui se réalise à la Croix : Jésus, Marie et Jean. Jésus est source de vie dans son lien avec le Père,  puisqu’il ne fait qu’un avec le Père : « Moi et le Père, nous sommes un », « Qui m’a vu, a vu le Père. » C’est éminemment vrai à la Croix. Marie, elle, est le fruit de l’holocauste de Jésus, et en même temps, elle se donne totalement à Jésus dans son mystère de Compassion, comme le Fils reçoit tout du Père et lui donne tout. Et Marie et Jésus, dans l’unité regardent Jean qui est le fruit de leur amour. Il y a là quelque chose d’infiniment grand pour nous, puisque c’est en quelque sorte le point de départ du mystère de l’Eglise. C’est comme la conception de l’Eglise dans le Cœur du Christ, dans la Très sainte Trinité  qui se découvre là – Marie et Jean unis au cœur de Jésus et portés dans la soif du Coeur du Christ, portés dans la blessure de son cœur.