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Lettre du mois de juin 1944 adressée par Chiara Lubich à une jeune fille qui désire vivre son idéal.
Ma petite sœur dans l’immense Amour de Dieu,
Ecoute, je t’en prie, la voix de mon cœur ! Comme moi, tu as été éblouie par la luminosité incandescente d’un idéal qui va au-delà de tout et embrasse tout : l’amour infini de Dieu !
Oh, petite sœur, c’est lui mon Dieu et ton Dieu, c’est lui qui a établi entre nous un lien plus fort que la mort, parce que rien ne pourra jamais le briser : il est un comme l’esprit, immense, infini, toute douceur, tenace, immortel comme l’Amour de Dieu.
C’est l’Amour qui nous rend sœurs !
C’est l’Amour qui nous a appelés à l’Amour !
C’est l’Amour qui a parlé au plus profond de nos cœurs en nous disant :
« Regarde autour de toi : tout passe en ce monde. Chaque jour a son soir et le couchant arrive si vite ! Chaque vie a son couchant et le tien viendra si vite ! Ne désespère pas pourtant. C’est vrai, tout passe, car rien de ce que tu vois ou de ce que tu aimes ne t’est destiné pour l’éternité ! Tout passe et ne laisse que regret et nouvel espoir.»
Pourtant ne désespère pas : Ton espérance constante, qui va au-delà des limites de la vie, te le dit : « Oui, ce que tu cherches existe. Il y a en toi un désir infini et immortel, une espérance qui ne meurt pas, une foi qui brise les ténèbres de la mort et qui est lumière pour ceux qui croient. Ce n’est pas pour rien que tu espères, que tu crois ! Non, ce n’est pas pour rien ! »
Tu espères, tu crois : pour Aimer
Ton avenir, ton présent, ton passé, tout est résumé dans ces mots : L’Amour !
Tu as toujours aimé. La vie est une recherche constante de désirs d’amour qui jaillissent du fond du cœur ! Sans cesse tu as aimé ! Mais tu as aimé si mal ! Tu as aimé ce qui meurt, ce qui est vain et, dans ton cœur, il n’est resté que vanité. Aime ce qui ne meurt pas ! Aime Celui qui est l’Amour ! Aime Celui qui au soir de ta vie, ne verra que ton cœur. Tu seras seule avec lui en cet instant. Quel malheur effroyable pour celui dont le cœur sera plein de vanité, quel bonheur immense pour celui dont le cœur sera plein de l’amour de Dieu !
Petite sœur, mesure avec moi le temps qui vole, je t’en prie, écoute les battements de ton cœur qui n’oublie jamais de frapper à la porte de ton âme. Il t’invite, sans cesse, éternellement à l’amour !
Aime, aime, aime ! l’Amour est le destin de l’homme.
Pense à la vie qui fuit ! Jette de côté ce qui est indigne de toi. Ton coeur a beau être petit. Il est pourtant noble, précieux, puissant car il peut aimer Dieu. Pourquoi le gaspiller ?
Passe dans le monde et chante à l’amour !
Allez, allez, recouvre tout d’un océan de feu !
Il n’y a rien au monde, souffrance, joie, affection qu’on ne puisse noyer dans l’Amour de Dieu ! Passe dans le monde et chante à l’Amour !
C’est vrai, la souffrance existe dans le monde, mais pour celui qui aime, la souffrance n’est rien : le martyre aussi est un chant ! La croix aussi est un chant ! Dieu est Amour ! Et chaque souffrance est la preuve durable de l’Amour, son empreinte tangible et divine.
Allons, viens avec moi : allons à l’Amour ! Courrons à l’Amour !
Nous ne laisserons rien passer de douloureux dans notre vie sans l’accepter, le désirer pour prouver à Dieu, Amour immense, notre amour, petit mais tenace !
Laissons à notre cœur un seul besoin : celui d’aimer !
Laissons notre esprit confronter sans cesse chaque pensée avec l’Amour infini et immense de Dieu.
Que Dieu te donne l’Amour, un Amour de lumière et de feu.