Chère Maman

 

Noël est là. Vient l’heure où les bergers, les humbles, aux mains calleuses, à la tignasse ébouriffée se prosternent devant l’enfant de la crèche, l’heure où les Rois mages, les puissants, vêtus avec magnificence, accompagnés de leurs serviteurs, sûrs de la rectitude de leur savoir, s’inclinent profondément devant le corps frêle masquant le Dieu d’amour qui a choisi de s’incarner.

 

Le premier geste de ceux qui découvrent leur sauveur est ce geste d’allégeance pour reconnaître la souveraineté du Dieu incarné sur nos âmes. Allégeance peut aussi signifier consolation, adoucissement et c’est bien le premier sentiment qui nous envahit devant Jésus-Hostie, la douceur de l’accueil de notre Roi du Ciel emprisonné, comme il l’a voulu, dans ce fragile disque de pain confié à notre seule vénération.

 

 

C’est avec Vous, dans Votre coeur et sous Votre regard que nous voulons vivre ces heures d’exception devant Jésus, ces heures silencieuses de l’adoration.

 

Adorer dans votre coeur :

Votre coeur peut mieux que tout autre coeur nous introduire dans l’adoration. Car vous avez vécu l’adoration à tous les moments de votre vie. Votre âme a été un brasier d’adoration. L’amour qui consume le coeur de Dieu dans l’Hostie est celui que vous voulez nous transmettre. Il ne peut y avoir d’adoration sans un coeur brûlant d’amour comme celui des disciples d’Emmaüs même si parfois il est tellement labouré par la souffrance que seule une plainte muette s’en échappe.

 

Toute votre vie n’a été qu’adoration dès la conception, depuis les premières minutes juste après la naissance, jusqu’à la lente agonie au Calvaire. L’adoration de Jésus nous conduit devant l’enfant de Bethléem, le supplicié de la croix, le visage rayonnant de la Gloire de Dieu du Ressuscité ; elle nous entraîne à sa suite sur les routes de Palestine.

 

Vous êtes Celle qui a tout préparé pour cette rencontre, qui avez tissé la trame des liens invisibles entre Lui et nous. L’enfant a tressailli de joie dans le sein d’Élisabeth, notre âme tressaille de joie dans le silence de l’adoration.

 

Comme l’exprime le Père Zanotti-Zorkine : « À l’aube de l’Église, Ô Mère intérieure, le don de votre prière claustrée emportera la victoire de l’Amour sur les siècles à venir. Aussi qui aujourd’hui ne comprend plus la vie monastique, unissant hommes et femmes à l’ombre d’une intériorité, doit le plus rapidement possible se jeter dans la gueule du silence et adorer la Sainte Hostie jusqu’à sentir sous le Pain immobile la dictée divine qui, mot à mot, souffle aux hommes la route à suivre. »

 

Ce n’est que par l’adoration que nous pourrons essayer de nous unir à la folie de l’amour de Dieu, son amour immérité pour l’homme et qu’il ne renoncera jamais à lui transmettre. Si la prosternation est le premier geste, la main de Jésus qui se tend pour nous relever en est le second. Il veut la communion de l’âme avec son Sauveur, son Créateur.

 

Notre époque s’est inventée tant de faux-dieux, elle se prosterne devant tant d’idoles, elle a besoin de retrouver le chemin de l’adoration en vérité.

 

Adorer, C’est reconnaître :

La puissance du Fils.

L’action de l’Esprit qui permet son action dans nos vies.

L’Amour du Père qui nous enveloppe.

 

Il nous faut adorer avec Vous, Vous que la Très sainte Trinité a introduit dans son intimité. On ne peut être intime de Jésus sans être intime de sa Mère. Votre Fils n’a qu’un désir nous approcher, nous apprivoiser. Laissons-nous saisir par Lui !

Adorer sous votre regard :

 

Laissons-nous regarder par Jésus, laissons-nous aussi regarder par Vous, Mère bien aimée. Votre Jésus nous dit quand nous sommes devant lui : « Laisse-toi regarder par ma Mère, tu croiseras son regard. Quand j’étais sur la terre et que son regard s’offrait à moi, c’est le Ciel qui me semblait s’ouvrir tant il était transparent à la volonté de Dieu. Puisez dans ce regard tendresse, force, douceur, consolation, compréhension. Lisez dans ce regard le message divin. »

 

Notre pape François nous dit : « Ne vous laissez pas voler le regard de la Vierge ! » C’est un don que Vous nous faites : le don de votre regard. Ceux qui, avides de vie facile, veulent nous détourner de la rencontre avec Dieu ne peuvent supporter la pureté de votre regard dans lequel passe le regard de Dieu lui-même.

 

C’est le regard qui anime un visage ; un visage sans regard est un visage éteint ; tant de choses peuvent s’exprimer par celui-ci, « le regard, porte de l’âme » : C’est de regard en regard que nos vies ont pris leur cours. La communication à notre époque se fait tapageuse, internet a le vent en poupe. Que de mots défilent sur le petit écran ! Où est la vraie communication ? C’est par le regard qu’une mère, un père, une épouse, un enfant dit son amour à l’autre. Nous avons tous assisté, un jour, en témoin extérieur à cet échange de regards qui traduit tout de l’amour qui unit deux êtres et que de nuances peut-on y lire jusqu’au don total de l’autre !

 

À l’occasion de cette adoration eucharistique, avec votre aide, notre regard sur le monde peut être changé, la vision de notre vie bouleversée de fond en comble.

La chair de Jésus, semaine après semaine, s’est développée dans votre sein, au rythme des battements de votre coeur. Aujourd’hui, sous les apparences du pain, son coeur glorieux bat pour nous, pour notre salut.

 

Il veut que nous accordions les battements de notre propre coeur aux siens.

 

Il veut que le temps d’adoration que nous lui consacrons soit un coeur à coeur sans détours qui nous simplifie pour mieux monter vers le Ciel.

 

Mère du Ciel, Notre-Dame de France, Notre-Dame du Saint Sacrement,

 

Aidez-nous à être dignes de cette rencontre privilégiée que votre Fils nous propose,

 

À la vivre,

 

Avec Vous, dans votre Coeur, sous votre regard !

Ave Maria

Françoise Fricoteaux