Entre la visite des bergers et des rois, des pauvres et des riches, d’Israël et des nations, il y a eu un événement tout simple, passé presque inaperçu, mais absolument décisif.
Quarante jours après Noël, Marie le porte au Templé de Jérusalem pour le présenter à son Père. Marie sait que cet Enfant ne lui est pas donné pour elle-même, mais lui est simplement confié pour tous. Il n’est pas venu pour sa satisfaction personnelle, mais pour une Rédemption universelle. Elle l’a reçu des mains de Dieu aujourd’hui, elle le rend à son Père.
Tu t’en souviens? À la Visitation, c’est lui qui entraînait sa maman aujourd’hui non plus dans son sein, mais dans ses bras -, c’est encore lui qui entraîne sa maman dans ce mouvement, non plus vers les autres, mais vers son Père. La Visitation, c’était l’horizontale il sillonne toutes les routes jusqu’à la fin et jusqu’au bout du monde. Aujourd’hui, c’est la verticale il s’élance jusque vers son Père.
Viens donc et vois! Le tout-petit passant des mains de Marie dans les mains de Syméon. Et des mains de Syméon dans celles du Père invisiblement présent. Au premier coup d’œil, il reconnaît dans ce tout-petit, si semblable à des dizaines d’autres bébés présentés en ce jour, le Roi de gloire faisant. son entrée à Jérusalem. Il discerne sur son visage de quarante jours le Soleil de toujours qui, un jour va irradier toutes les nations et toutes les générations.
Il salue cet Enfant comme la gloire d’Israël son peuple, et les bergers d’Israël avaient été enveloppés de cette gloire. Comme la lumière des nations, et les rois en avaient été illuminés.
Et comment peut-il donc le reconnaître? Par le Saint-Esprit qui repose sur lui, qui l’entraîne vers le Temple, qui lui ouvre et les yeux, et le cœur. Pour lui, c’est une pentecôte. Il passe de la Loi, qu’il faut observer strictement (mentionné trois fois), à l’Esprit (trois fois aussi), qu’il faut écouter docilement.
Il ne s’offre pas tout seul, mais par et avec Marie. Trop faible encore pour marcher de lui-même, c’est elle qui doit le porter. Elle est déjà l’Église qui, tout au long de l’Histoire, va offrir le Corps de Jésus au Père. Et s’offrir elle-même avec Lui. Figure de tous les prêtres, Syméon va recevoir le Fils unique de Marie, pour l’offrir au Père. Et lui-même comme Marie s’offre en même temps. Et c’est toi, et c’est moi qui sommes entraînés à nous offrir au Père. Et pourquoi donc? Pour sauver le monde!
Marie sait qu’il est venu pour remplir une mission, sa mission de Sauveur. Aujourd’hui, elle le livre entre les mains des hommes, pour qu’ils en soient sauvés.
Alors, comprends-tu pourquoi, dans cette douce lumière de la Présentation, se profile l’ombre de l’immolation? Syméon se tourne vers Marie et parle d’un glaive qui va lui transpercer le cœur. Il parle déjà du cœur ouvert de Jésus qui sera l’ultime signature de son offrande au Père. Il parle déjà de Marie au pied de la croix. Parce que, du moment qu’elle l’offre en ce jour, elle ira jusqu’au bout de l’amour.
Ainsi se manifeste visiblement ce que Jésus vivait déjà dans le sein de sa mère « Me voici, Père, pour faire ta volonté! » (Ps 39, 7 -9). Pour faire ce que tu attends de moi, ce que tu préfères pour moi, ce que tu désires en moi. Ce qu’il ne cesse de dire à son Père, au cœur même de la Trinité… Mais ici, il le dit au-dedans de sa chair. C’est pourquoi il précise « Tu m’as façonné un corps! Avec ce corps, me voici! » (He 1 0, 5-10)
Toute la vie de Jésus n’est qu’une longue messe. La Présentation, c’est l’Offertoire de la messe. La croix la consécration. La Résurrection la communion. Bien plus tard, un dimanche matin, il entrera à Jérusalem comme aujourd’hui sur un petit âne pour consommer ce qui est commencé.
Daniel Ange